Jean Michel Kankan, le génie comique camerounais qui a marqué l’Afrique francophone

Jean Michel Kankan, de son vrai nom Dieudonné Afana Ebogo, reste à ce jour l’une des figures les plus marquantes de l’humour et du théâtre populaire camerounais. Né en 1951 à Yaoundé et disparu prématurément en 1997, son personnage comique « Kankan » a transcendé les frontières du Cameroun pour s’imposer dans toute l’Afrique francophone comme un miroir acéré de la société. Cet article propose un portrait approfondi de l’artiste, entre anecdotes de carrière, héritage culturel et témoignages de ceux qu’il a inspirés.
Derrière ses répliques cinglantes, son humour de situation et ses mimiques irrésistibles, Jean Michel Kankan faisait bien plus que faire rire : il dénonçait. À travers des sketchs devenus cultes comme Le père Kankan et son fils à l’école ou L’homme à la natte, il tournait en dérision les absurdités de l’administration, les travers du tribalisme, les injustices sociales et la corruption endémique, sans jamais verser dans la haine. Son humour, souvent en français et en pidgin, atteignait toutes les couches sociales.
L’article revient sur les débuts de Kankan dans la troupe Les Pagayeurs et ses premières scènes à la radio et à la télévision nationale camerounaise. Il s’intéresse à son processus de création : observation fine du quotidien, improvisation, inspiration populaire. Plusieurs proches témoignent de son génie naturel, de sa rigueur artistique, mais aussi des défis qu’il a rencontrés, notamment en matière de reconnaissance officielle et de préservation de son œuvre.
Aujourd’hui, l’héritage de Kankan continue de vivre à travers les générations d’humoristes africains qui le citent comme une référence, tels que Valéry Ndongo, Mamane ou encore Le Magnific. Certaines de ses vidéos circulent toujours sur les réseaux sociaux, suscitant rires et nostalgie. Mais peu d’efforts institutionnels ont été faits pour archiver ou restaurer son travail, d’où un appel à la préservation de ce patrimoine culturel immatériel.
L’article se conclut sur l’idée que Jean Michel Kankan n’était pas simplement un humoriste, mais un véritable acteur social, chroniqueur du peuple, poète de la rue et penseur masqué, dont l’œuvre reste d’une pertinence troublante dans l’Afrique contemporaine.