Entre émotion pure et réalité brute : From Scratch vs. Straw

Dans l’univers des séries et films afro-américains, deux productions Netflix récentes attirent l’attention : From Scratch, une mini-série bouleversante portée par un amour au-delà des frontières, et Straw, un drame signé Tyler Perry, ancré dans une réalité sociale profonde.
From Scratch nous arrache les larmes presque malgré nous. La série captive par la sincérité de son récit, la finesse des émotions, et la beauté de l’amour tragique qu’elle dépeint. Ce n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est un parcours de deuil, de résilience, et d’espoir. On ne sort pas indemne de From Scratch. Les larmes viennent naturellement, portées par une narration qui touche au cœur.
Straw, en revanche, ne joue pas sur les mêmes ressorts. Ce film illustre avec justesse les luttes du quotidien d’une femme noire en Amérique, dans un environnement précaire, avec des responsabilités écrasantes. C’est une réalité que beaucoup connaissent, ou reconnaissent. Mais là où From Scratch vous prend à la gorge, Straw vous confronte à une fatigue collective, une lassitude familière. Ce n’est pas forcément un film qui fait pleurer : c’est un film qui fait réfléchir. On est plus dans la tension que dans l’émotion lacrymale.
Cela dit, il faut saluer le travail rigoureux de Tyler Perry. Il réussit, une fois de plus, à représenter une tranche de la communauté noire avec authenticité, sans artifices. La mise en scène est sobre, presque crue, et la performance de Taraji P. Henson est d’une sincérité brute.
Straw n’a peut-être pas l’effet cathartique de From Scratch, mais il a une valeur sociale forte. C’est un miroir tendu à celles et ceux qui vivent dans l’ombre, dans les fissures du système.